Le néant. Ce vide en moi ressemblait au néant. Je n’étais qu’une coquille vide, une carcasse qui déambulait dans Derry. Aucun objectif. Pas de but. Plus le temps passait et plus ce sentiment me rongeait de l’intérieur. J’avais hésité longuement. Perdue entre le besoin de combler ce vide et la crainte encore un peu plus, quand bien même, à cet instant précis, cela me paraissait impossible. Ma main plaquait mes cheveux au-dessus sommet de mon crâne tandis qu’un soupire s’échappait d’entre mes lèvres. Ne perdant pas une seconde de plus, je me levais pour attraper mes clés de voiture. Je ne devais plus me laisser le temps de réfléchir, il fallait que j’agisse avant de me dégonfler une fois de plus. Il m’avait fallut de longues minutes avant d’arriver à l’endroit où il logeait. Je n’avais pas vraiment gardé contact avec le père de mon fils, mais j’étais quand même au courant d’un certain nombre de chose notamment où le trouver. Je n’ai jamais prétendue être une bonne mère, parce que ce n’était pas le cas, mais j’avais mes raisons. Des raisons que surement peu de personne ne pouvaient comprendre, mais elles existaient. Pourtant aujourd’hui, j’étais là. Je ne sais pas pour quelle obscure raison, mais j’étais là. Je m’accrochais à je ne sais quoi qui me poussait à prendre sur moi et allez, un peu, de l’avant. Mon regard se levait vers l’une des fenêtres de la bâtisse, la voix d’un enfant avait attiré mon attention. La voix douce d’un petit garçon raisonnait jusqu’ici, sur le pallier. Mes lèvres s’étiraient légèrement en espérant de tout cœur que ce soit la jolie voix de mon petit garçon. Prise d’un élan de courage, je tendais la main vers la sonnette. « Byrne » était écrit sur la petite boite en plastique une sentation étrange se fit sentir dans mon estomac à la lecture de ce nom que je connaissais si bien. Avant que la porte ne s’ouvre, je frappais légèrement mon pantalon pour épousseter le moindre poil de chat qui pourrait m’avoir suivit jusqu’ici et ainsi être présentable. J’en profitais également pour repousser une de mes boucles qui jouaient les rebelles. Je n’avais pas vraiment envie que le vide en moi se lise sur mon visage comme dans un livre ouvert. D’autant que même si nous n’étions plus ensemble depuis de longues années, Raphaël avait toujours su lire en moi, c’est sans doute ce qui m’a poussé à sortir avec lui au lycée d’ailleurs. Je ne m’attendais pas à un accueil des plus chaleureux, mais j’osais espérer un comportement d’adulte responsable de la part de mon ex. Je n’avais pas l’intention de perturber mon fils, en déboulant dans sa vie comme un cheveu sur la soupe. Je voulais simplement y allez petit à petit et m’investir peu à peu dans sa vie d’enfant pour combler le vide qu’il ressentait surement autant que moi. Malheureusement, j’étais bien loin d’imaginer qu’il était trop tard pour cela. J’allais tourner les talons, pensant qu’il n’y avait personne. Mais le bruit de la porte qui se déverrouillait retenait mon attention. Mon regard bleuté se posait sur le visage de Raphaël. Il avait l’air fatigué. Ses cernes et ses yeux rouges trahissaient qu’il n’était pas au mieux de sa forme. « Bonjour Raphaël .. », lui adressais-je timidement bien consciente que ma venue n’avait rien d’attendu et n’était surement pas des plus désirée …